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Croquis in situ MCmarco
Avril 2013. 

Depuis janvier, dans une météo froide et pluvieuse, à l’appel des Naturalistes en lutte, 150 à 200 personnes sillonnent la ZAD certains week-end. Elles affinent la cartographie du bocage et botanistes et ornithologues inventorient la faune et la flore.

C’est la plus grosse opération associative de ce type jamais réalisée en France et les premières constatations révèlent que la zone humide est deux fois plus étendue que les études préparatoires au projet d’aéroport le prétendent.


Ceux qui arpentent l’ancien chemin de Suez, placé sur la crête entre deux bassins versants, constatent la qualité et la variété du bocage paradoxalement sanctuarisé depuis 40 ans.
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Croquis MCmarco [d'après vidéo]
Flash back.
On se rappelle que fin novembre 2012, Camille à barbe et Camille à couette, comme d’autres Camille, s’opposent aux destructions de cabanes par les gendarmes mobiles.
Lors de magnifiques actions non-violentes, ils se dressent nus devant les forces de l’ordre.
Interpellés le 23 novembre, ils remettent ça le 24 et, pratiquement nus, marchent à quatre pattes sur le chemin.
Poursuivis puis jugés en février 2013, ils sont condamnés à un mois de prison avec sursis.
Le commandant de gendarmerie a vu dans ces action "une exhibition sexuelle, une provocation, du mépris et du dédain".

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Croquis in situ MCmarco
Flash back.

Aujourd'hui, c'est calme devant la Préfecture de Nantes.

Mais c'est le lieu des décisions d'Etat vers lequel convergent la plupart des manifestations de contestation contre l'implantation de l'aéroport à Notre-Dame-Des-Landes.

Le 24 novembre 2012, les policiers et gendarmes mobiles en faction n'ont rien trouvé de mieux que d'asperger à la lance à eau les manifestants.

L’ancien préfet qui pilotait le projet d'aéroport pour l'Etat jusqu'en 2009, un dénommé Bernard Hagelsteen, après un passage à la Cour des Comptes, est désormais conseiller de Pierre Coppey, président de Vinci-Autoroutes.
Un pur conflit d'intérêts qui ne scandalise pas les élus de tous bords.
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Croquis in vivo MCmarco
Mars 2013. 
A Nantes, ce soir-là, cent personnes au café-géo, une des nombreuses réunions dont le sujet est le débat autour du projet d’aéroport de NDDL.
Au gré des discussions apparaît toujours clairement la sur-estimation des besoins aéroportuaires et la sous-estimation des coûts et des dommages au territoire ;
et toujours la césure entre le choix des élus et la population ;
et toujours la prédation des firmes privées comme VINCI ;
et toujours, à la fin, la question du choix de société entre un aménagement productiviste et une vision pacifiée des relations politiques, sociales et économiques.

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Croquis in situ MCmarco
Janvier 2013.

Camille et Camille ont de superbes dreadlocks et viennent de temps à autres sur la zone avec un peu de ravitaillement et beaucoup de volonté pour aider des zadistes transis dans l'hiver pluvieux.

Au détour d'un chemin tranversal, on découvre parfois des camionnettes isolées, des tentes engluées dans la boue, des caravanes instables, autant d'abris précaires dans lesquels vivent des personnes fières et invisibles.

Ce sont les véritables gardiens du lieu, les indiens inaltérables.

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Croquis in situ MCmarco
Mars 2013.

Pendant que des archéologues font des diagnostics préventifs en saccageant, sous protection policière, des champs, des haies et des chemins, le groupe des "Naturalistes en lutte" explorent la ZAD et inventorient la biodiversité de la zone humide.

Cela n’empêche nullement certains paysans de couper des haies et des chênes quasi-centenaires et d’anticiper ce qu’ils considèrent comme des travaux inéluctables.


Pas ou peu d’opposition contre ces coupes ; difficile d’être sur tous les fronts.

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Croquis in situ MCmarco
Janvier 2013.

Les barricades de la ZAD se concrétionnent de mois en mois.

Les bottes de pailles, les pneus, les poteaux électriques et vieilles remorques agricoles s’agglomèrent en des murs que les habitant(e)s de la ZAD espèrent assez solides pour empêcher l’invasion des gardes-mobiles et des engins BTP de destruction.


Les tracteurs disposés par les paysans du C.O.P.A.I.N. réfractaires à l’implantation de l’aéroport, jouent un grand rôle dans le dispositif de défense de la zone et dans la confiance des résistant(e)s.

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Croquis in vivo MCmarco
Mars 2013.

A la "chat teigne", on construit, on étaye, on assèche, on ne chôme pas. Ce "on" général, ce sont des groupes ou des individus qui viennent aider pour un ou quelques jours, qui dorment sur place dans ce qui ressemble de moins en moins à un campement de caganceiros brésiliens mais bien à un village avec son infirmerie, son café, ses bains publics...
La seule rumeur du village, ce sont les gens qui parlent entre eux, s’informent les uns les autres et s’organisent.

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Croquis in situ MCmarco
Mars 2013.

A la ferme de Bellevue, l’ancien locataire est parti en empochant la prime de "VINCI" et en cassant une partie des murs. Occupée désormais par les paysans du C.O.P.A.I.N., la ferme accueille de nouveau des animaux mais est également transformée en lieu pour vivre la résistance aux expulsions sur la ZAD.

Les tracteurs des paysans entourent le périmètre de la ferme pour prévenir toute invasion policière.

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Croquis in vivo MCmarco
Février 2013. 

A la ferme du Limimbout, des jeunes gens sont venus pour retaper la ferme dont une partie avait été détruite fin 2012.

La poutre maîtresse a été sectionnée par les destructeurs, mais les travaux vont bon train.
Quelques caravanes, un verre de rouge, des repas partagés, un chien placide, c’est la vie qui reprend sur les hauteurs de la ZAD, à quelques encablures de ce qui pourrait devenir une piste d’aéroport.

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Croquis in vivo MCmarco
Février 2013.

A " la vache rit ", le lieu de nombreuses réunions, les discussions sont cruciales entre tous les habitant(e)s de la zone, les paysans, les zadistes, les membres de collectifs...

Chacun cherche à comprendre les autres, tente de reconnaître en l’autre un compagnon, une compagne de lutte.


Les sujets sont innombrables et chacun(ne) est renvoyé(e) à son énergie personnelle et à sa capacité à s’investir pour le collectif.


Pour s’organiser sur la zone, le nombre de tâches augmente, sans compter la vigilance pour contrer les expulsions programmées, stopper les fouilles archéologiques qui saccagent la zone, s’opposer aux coupes d’arbres, répondre aux harcellements policiers.


Les rendez-vous sont pris pour les prochaines actions communes.
la ZAD vivra un nouveau jour.




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Croquis in vivo MCmarco
Mars 2013.

Retour sur la principale chicane de la D281 qui prend des allures de fortin inexpugnable. La zone est calme aujourd’hui. Quelques automobiles, un camion qui va prendre place un peu plus loin, pour quelques jours ou quelques semaine de sédentarité le long d’un chemin.

Les zadistes, permanents ou temporaires, se relaient pour surveiller la voie et, dans cette fin d’hiver pluvieuse et maussade, sont repliés dans la cabane aux portes protégées par de lourdes couvertures.

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Croquis in vivo MCmarco
Janvier 2013.

Pendant les survols de la zone par les hélicoptères, la résistance au sol continue.

Sur la D281, les barricades sont devenues des chicanes aux allures moyennageuses.


Les envies sont grandes d’une surenchère technologique, pont-levis, parapets, tourelles, remparts et machicoulis.


“C’est la guerre" rappellent sans cesse les habitant(e)s de la ZAD qui ont vécu(e)s l’opération César.


Mais l’invraisemblable armada policière déployée sur zone, bardée de protections en matériaux composites et saturée d’électronique se heurte à une multitude d'ouvrages d’art rustiques et vivants.

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Croquis in vivo MCmarco
Décembre 2012.
Une étrange confusion temporelle se dégage — la sensation d’être immergé sur le territoire de chasseurs-cueilleurs post-modernes.

De nombreuses cabanes ont été ré-aménagées ou simplement construites, au bord des haies, dans les pins, les chênes, les hêtres et les châtaigniers, et même sur des étangs.
Sur un sol spongieux, gorgé d’eau, zone humide oblige, les bâtisseur(euse)s-bricoleur(euse)s ré-inventent et perfectionnent le pilotis, la suspension, l’accrochage, le caillebotis, la nacelle. Ils assemblent matériaux disparates bruts et pré-fabriqués, ils s’adaptent à la température et à l’humidité, ils pensent biothermie, et énergies douces.

intro



AÉROPORT NON !

C’est un programme simple face à un projet qui cumule toutes les tares de notre société sur-industrialisée.

Ces quelques croquis sont destinés à rendre compte simplement de la diversité de situations sur un territoire à détruire pour certains et à défendre pour d’autres, loin des fantasmes de ceux et celles qui ne sont jamais allés... sur zone.

Comme l’écrit mon ami Fredo avec qui je sillonne le coin, 
[...] Plasticité sociale et spaciale.
Société de la connaissance partagée et de la médiation du conflit.
Ce serait le ménagement du territoire et de la société.
une forme de bon sens.
Ménager.
Comme nommer sans blesser.
resocialiser la relation.
Laisser monter la poétique de la relation qui fait la vie humaine dans le territoire.
Utopie du ménagement.
C’est ce que nous avons déjà fait ici sans le dire assez.
Les luttes inscrites dans le territoire.
Imaginer.  [...]